En réponse à la problématique exposée, la démarche originale (et inégalée en France à ce jour) développée dans le cadre du projet ALeRT a porté, jusqu’ici, principalement sur le littoral Manche-Atlantique de la France métropolitaine avec des développements plus récents sur d’autres secteurs de la façade atlantique de l’Europe (Royaume-Uni et Espagne). L’objectif général du projet ALOA est d’exporter outre-Atlantique les acquis, outils, et expériences sur ce sujet, vers les îles caraïbes, également touchées par divers aléas climatiques (notamment les cyclones) et anthropiques (en particulier du fait de leur attrait touristique).
Le processus passe par la réalisation d’un état sanitaire du patrimoine culturel côtier (identification de la nature des sites, de leur valeur patrimoniale et culturelle, de leur vulnérabilité, etc.), l’évaluation des solutions à proposer en réponse aux menaces encourues et l’adaptation des outils de réponse au contexte local (en termes de gestion intégrée des zones côtières), notamment la mise en place d’un processus de science participative et d’action citoyenne.
La démarche repose sur une approche novatrice impliquant, d’une part, un développement ciblé des connaissances scientifiques dans un domaine précis et, d’autre part, une sensibilisation et une implication des communautés dans une démarche de science participative selon le processus exprimé dans la figure ci-dessous :
La démarche du projet ALOA
Les observations et la collecte de données s’effectuent à la fois à travers :
Des recherches
Travaux de chercheurs
Archives historiques
Sur le terrain
Prospection pédestres, aériennes, géophysiques, magnétiques, radar…
Relevés par drone, photogrammétrie, laser 3D.
Sondages archéologiques, fouilles, prélèvements,
Photographie, description des vestiges et évaluation de leur vulnérabilité via des fiches de terrain et/ou une application mobile dédiée
En laboratoire
Traitement et analyse des mobiliers archéologiques/arctfacts
Analyses paléo-environnementales (malacologie, anthrcaologie, dendrochronologie) des écofacts.
Cette étape intègre la participation de différents publics : gardes du littoral, associations, scolaires préalablement sensibilisés et formés.
La vulnérabilité des éléments de patrimoine identifiés fait l’objet d’analyses sous SIG (système d’information géographiques) afin de modéliser cartographiquement les secteurs / sites où prioriser la mise en place de suivis spécifiques et /ou de mesures de protection particulières, en concertation avec les gestionnaires territoriaux.
Le retour d’information consiste à mettre en place des moyens de restitution et de valorisation des connaissances produites en direction du public et des gestionnaires dans une optique d’interpellation et de sensibilisation, à travers la publication de rapports et d’articles et la tenue de conférences destinées au grand public et à la sphère scientifique.
La démarche du projet s’inscrit dans la logique d’une approche par échelles emboitées où :
L’ensemble du secteur d’étude (archipel de Guadeloupe et Saint-Martin) sera considéré dans l’approche des phénomènes globaux d’évolution littorale (travail d’inventaire et d’observation en réseau, gestion via une base de données interactive dédiée);
Des périmètres “tests” permettront d’approfondir l’analyse de la vulnérabilité (travail de prospection systématique sur le terrain et relevés à effectuer par des spécialistes en lien avec les gestionnaires locaux et les autorités compétentes;
Enfin, au sein de ces périmètres, des sites particuliers seront retenus pour conduire des opérations de terrain plus approfondies, soit dans le cadre de prospections géophysiques systématiques soit dans celui de sondages archéologiques et analyses paléoenvironnementales. Dans ce dernier cas, le choix se portera prioritairement sur des sites menacés de disparition à court terme et présentant un fort potentiel scientifique. Ces opérations nécessiteront les autorisations des propriétaires et des autorités locales et l’ordre de traitement de ces sites sera défini en fonction des résultats de l’analyse des urgences (vulnérabilité) dans les zones tests.

Ce projet bénéficie d’une méthodologie élaborée dans le cadre du projet ALeRT par une équipe interdisciplinaire incluant archéologues, historiens, spécialistes des paléoenvironnements, géologues, géographes, et géomorphologues. Cette interdisciplinarité s’enrichira ici d’un apport conceptuel sur le plan juridique en termes d’adaptations aux changements climatiques par l’intervention d’une juriste et d’une spécialiste de la gestion des risques littoraux et des politiques publiques. Les outils mis en œuvre dans le cadre des premières phases du projet ALeRT ont déjà fait l’objet de tests d’adaptabilité, en Espagne et au Royaume-Uni, ce qui constitue un gain de temps et d’argent dans le cadre du présent projet ALOA. Une fois la validée, la démarche pourra être appliquée aux autres îles de la caraïbe.